Du Champagne des fées
à La Grossière

Une journée pleine de pétillant

Le rendez-vous avait été donné dans un coin du Quercy bien connu des fêtards de campagne : Septfonds, la ville aux sept fontaines et à feu Le Galaxy, la discothèque la plus mythique des environs. Mais Septfonds, ce n’est pas seulement une ville pleine de souvenirs d’innombrables beuveries déraisonnables, c’est aussi une commune comportant des terres riches en arbres et plantes. Surtout du côté de chez La Grossière, où notre copain Teddy fait pousser depuis quelques temps des fruits, des légumes et des plantes aux propriétés étonnantes. Son cousin, Yann, qui a acheté une ancienne ferme bordée par un petit ruisseau, nous accueille sur place pour nous enseigner la confection du pétillant de sureau, également appelé plus poétiquement « Champagne des fées ».
copains quercinois grossiere
Une semaine plus tôt, les cousins ont déjà cueilli des fleurs de sureau pour les faire macérer dans un mélange d’eau, de citrons et de sucre. Lorsque le matin nous arrivons sur place sous un soleil déjà écrasant, nos deux hôtes nous font goûter le macérât brut, résultat de cette première cueillette de l’année. Le goût, frais et riche, est déjà plein de promesse. L’activité à suivre est donc de mettre en bouteille les 45 litres de mixture après l’avoir filtrée pour séparer les fleurs et citrons du liquide. Pendant que le filtrage se déroule paisiblement, nous préparons les bouteilles stérilisées avec une dose de sucre minutieusement calculée. Par la suite, l’action d’encapsuler les bouteilles a quelque chose d’étrangement satisfaisant, et cela finit de nous motiver à investir dans ce type de matériel pour nos prochains brassins de bière. Une fois que toutes les bouteilles sont pleines et hermétiquement fermées, elles sont installées dans l’herbe. Car pour que la prise de bulles ait lieu (gazéification en bouteille) les boutanches devront rester au soleil pendant un cycle lunaire, soit pendant 21 jours.
Fiers d’avoir terminé la première étape sans casse, nous pouvons nous octroyer un repas à l’ombre des frênes. Et c’est en réalité un véritable festin qui nous est servi ! L’oeil humide de reconnaissance, on se repait des salades de Yann couplées aux grillades de Teddy, le tout accompagné d’un excellent vin rouge. Qu’on se le dise, on est bien reçu à La Grossière ! Alors que le soleil est à son acmé et que le mercure n’a cessé de grimper, il n’est pas simple de se remettre en route pour la deuxième partie de l’atelier… Mais une fois notre motivation et notre panse tendue ramassées d’un même mouvement, nous voilà partis à la cueillette d’ombelles de sureaux des environ.
Pour cette étape, trois règles primordiales :
Heureux comme des enfants lâchés dans le jardin à Pâques, c’est avec le nez roussi et les pieds mouillés (bonjour le ruisseau caché par les ronces) que nous rapportons nos cagettes pleines d’ombelles à La Grossière. Débute alors la partie laborieuse de l’atelier : égrapper les fleurs en évitant au maximum de laisser les tiges de l’ombelle qui donneraient un goût amer. Pour cette étape, plus on est, moins on galère. Heureusement, nous recevons l’aide précieuse de Fred pendant que Teddy, en aimable quercinois, effectue une tournée du voisinage. Malgré ce renfort bienvenu, nous ne parvenons malheureusement pas à égrapper la totalité des 600 ombelles récoltées quand la journée touche à sa fin. Le manque d’expérience ! Cette étape sera terminée courageusement par Yann le soir même (pour éviter que les fleurs ne fanent trop) et notre mentor enchaînera avec la fermentation en plaçant les fleurs dans le fameux mélange d’eau, de sucre et de citrons.
la grossiere
Une semaine plus tard, il sera temps pour lui de mettre ce macérât en bouteilles, qui devront à leur tour reposer 21 jours au soleil. Ensuite, il ne nous restera plus qu’à goûter ce nouveau produit !
Vous l’aurez compris, cela a été un réel plaisir de partager cette journée aussi riche en enseignements qu’en rigolades avec ces véritables experts en plantes que sont les cousins de La Grossière.

Le Rédac’ chef

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