Le Clopancello

Gros plan sur notre dernier breuvage

Alors que la fin du weekend canards prend place paisiblement, quelques yeux collés s’ouvrent après une (trop courte) sieste bien méritée. Certains commencent à charger la voiture de victuailles, d’autres font un peu de rangement, le tout lentement afin de retarder le plus possible le moment de se dire au revoir. Nous n’oublions pas, cependant, notre dernière tâche du weekend : préparer notre premier limoncello ! Grands gourmands que nous sommes, il fallait absolument que l’on apprenne une recette de digestif. Après les gueuletons à rallonge dont nous sommes friands, ça ne peut faire que du bien !
C’est à l’occasion d’une soirée campagnarde, où nous avions rendu quelques fiers services, que nous avions hérité de l’ingrédient principal : une belle bouteille d’eau-de-vie de prunes quercinoises à 90 %. Un échange de bons procédés comme on dit par chez nous ! JM, le père du Grandas, concocte régulièrement du limoncello et c’est à grand peine qu’il nous donna un morceau de sa recette. Les Quercinois savent taire les secrets des banquets les plus réussis. De son côté, notre grand copain Gaël nous fournissait les fruits pour compléter la liste.
Et c’est donc munis du procédé et de la matière première qu’à la sortie de ce weekend riche en graisse, nous nous installons devant deux cagettes de beaux citrons et une énorme bouteille de gnôle. S’en vient alors le savant calcul des proportions… Le stylo dans la main droite et le verre de rouge dans la gauche, le Grandas se lance dans une règle de trois. Derrière lui, Chicken, déboussolé, compte une douzième fois les citrons. l’Équarisseur, qui a rangé son hachoir sans son étui, se met en quête d’un économe adéquat. Le calcul s’avère être compliqué. Même Thomas Pesquet, après un weekend canards, il ne ferait pas planer un avion en papier… Alors nous et la règle de trois… Tant bien que mal, on se met d’accord avec une calculette poussiéreuse sur un nombre de citrons à peler, avant que Mathieu et Flo s’attèlent à cette affaire dans un nuage délicat d’agrumes. Le mélange des écorces de citron et de l’eau-de-vie se fait dans un grand récipient en métal de 20 litres initialement conçu pour le transport du lait, héritage qui nous vient des grands-parents de l’Équarisseur. Une fois tous les citrons pelés, on se partage les fruits afin de ne pas gâcher la pulpe. Ils serviront à faire des gâteaux, des sauces ou à assaisonner les crêpes. Chacun regagne alors ses quartiers, la tête encore remplie de souvenirs, la peau sentant le gras de canard et les mains citronnées.
Quelques semaines plus tard, nous nous retrouvons à la ville, au domicile de l’Équarisseur et du Couteau suisse, afin de procéder au mélange du macérât et du sirop. La mise en bouteille venant directement après cette étape. Après avoir réfléchi à tête reposée, on se rend compte que nous nous sommes trompés dans les proportions (satanée règle de trois…). Nous sommes un lundi, il est 10 h 30, et on se met tous d’accord pour goûter courageusement un peu de ce liquide doré. Contre toute attente, le digestif est excellent, bien qu’à température ambiante. Nous voilà donc requinqués et prêts à affronter la semaine à venir ! Ni une, ni deux, nous goutons une deuxième fois (pour être bien sûrs) et nous mettons le tout en bouteille.
Attention à ne pas en mettre par terre, sinon ça pègue !
Notre nouveau produit, « Le Clopancello », nommé d’après le lieu-dit de notre mentor JM, « Le Clos du paon ».
Quelques jours plus tard, à l’occasion d’un repas de famille, le Grandas fait goûter le limoncello à son père : « Il est pas mal » juge ce dernier. Flo, habitué aux compliments cachés de son paternel, sait ce que ça signifie : il le trouve excellent. Mission accomplie, nous pouvons une nouvelle fois être fiers de nous ! Ce digestif ravira les papilles et les estomacs de ceux avec qui nous partagerons un énième moment de convivialité. Qui sera notre prochain hôte ?

Le Grandas

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